LAON (Aisne). Un nouveau conflit a éclaté au sein de La Poste, déclenchant une grève de la majorité des facteurs. Raison ? Une nouvelle réorganisation « sans queue ni tête » dixiat les grévistes. La Poste a mis en place une distribution de secours.
SI la réforme de Marc Richard, le directeur de la plate-forme de préparation et de distribution du courrier (le nouveau nom du centre de tri) passe, les Laonnois assisteront à une scène spectaculaire : la distribution du courrier aux habitants des escaliers municipaux… à vélo !
Ce genre de situation, digne de figurer dans les bêtisiers de fin d'année, est une des raisons qui ont poussé les facteurs du Laonnois à se mettre en grève depuis mercredi matin. Un mouvement lancé main dans la main par les syndicats Sud et CGT, majoritaires chez les passeurs de bonnes et mauvaises nouvelles que sont les salariés courriers de La Poste.
« Marc Richard nous a présenté une nouvelle réorganisation des tournées qui présente un nombre conséquent de situations telles que celle des escaliers municipaux », expliquait hier matin une délégation des grévistes qui était restée surveiller le trafic au centre de tri. Leurs camarades -une cinquantaine ?- étaient partis en délégation à Amiens pour tenter d'amorcer un dialogue social qui, selon eux, « n'existe plus à la PPDC de Laon. Plusieurs fois, nous avons demandé à Marc Richard de repousser la réforme pour pouvoir en discuter et lui faire part de ce qui n'est pas réalisable, mais nous avons eu une fin de non-recevoir. »
Devant cette ligne de conduite, les grévistes (80 % mercredi) avaient débrayé mercredi. La direction avait réagi en détournant le trafic colis vers Saint-Quentin. Puis, jeudi matin, en créant de toutes pièces un « centre supplétif ou d'entraide », selon les appellations de la direction de la communication de La Poste, sur la zone d'activités Marie-Jeanne Godard, rue Jean-Monnet à Laon. Juste à côté du siège du groupe Digital, un des joyaux laonnois.
Un centre qui fonctionnait avec le personnel d'encadrement laonnois, mais aussi celui des autres PPDC du secteur venus prêter main forte et instaurer ainsi « un service minimum public », dixit la communication de La Poste. Quelques tournées étaient assurées par les personnels en CDD et non gréviste.
« Nous avons anticipé un possible blocage de la plate-forme, en souvenir du précédent conflit », précisait-on du côté de La Poste. Hier après-midi, 60 % des facteurs étaient encore en grève, mouvement reconduit aujourd'hui. De son côté, la direction de La Poste assurait que tout le courrier avait été relevé hier soir, celui des entreprises compris.
« Cette nouvelle réforme a été élaborée sans aucune concertation des organisations du personnel, ni des syndicats », expliquaient les grévistes, « même les remarques des facteurs qualités n'ont pas été prises en compte. Il y a une application mathématique, informatique de cette réforme. Par exemple, si une tournée ne peut être réalisée à 50 km/h de moyenne, on passe à 60 km/h. Même si la limitation est à 50… » Ou alors on monte les marches des escaliers à vélo…
Une rencontre est prévue aujourd'hui entre le chef du groupement, Jean-Luc Perpette et une délégation des salariés.
- Citation :
- Stéphane MASSÉ - L'Union