Des retards de courrier s'accumulent sur Pau. La CGT dénonce la gestion des effectifs. La direction n'a pas noté de retards « alarmants ». La CGT affirme que 74 000 « objets postaux » sont en attente à Pau. La direction en reconnaît 50 000 seulement. Une lettre partie le 29 avril de Pau et arrivée le 17 mai. Une autre postée d'Arthez-de-Béarn le 3 mai et arrivée mercredi… Ces quelques exemples, parmi bien d'autres ces derniers jours dans la propre correspondance de « Sud Ouest » tendraient à montrer que La Poste connaît des retards depuis quelque temps en Béarn.
C'est d'ailleurs ce qu'affirme et dénonce également la CGT de l'entreprise, qui a décidé d'alerter sur l'organisation et la gestion des effectifs de facteurs sur Pau, mais également dans d'autres bureaux, comme à Bordes, Bizanos ou à Billère, selon Jean-Michel Cazalet, membre du secrétariat de la CGT à La Poste.
Des tournées à rallonge
« On a constaté ces retards depuis la mise en place d'un dispositif d'autoremplacement. De plus en plus, La Poste préfère ne pas remplacer les facteurs absents pour cause de maladie par exemple, histoire de faire des économies sur les CDD. Ils répartissent alors les tournées sur les autres facteurs. Ces derniers se retrouvent avec des tournées allongées de 20 à 30 %. Le problème, c'est qu'ils manquent de temps pour le tri, le courrier s'accumule, et on le distribue parfois avec des semaines de retard ».
Selon la CGT, 74 000 « objets postaux » seraient actuellement en attente au centre de distribution de Pau, d'où part le courrier de la ville. Par ces objets postaux, il faut comprendre les lettres normales, mais aussi les prospectus publicitaires qui doivent être distribués à date fixe selon les vœux des commanditaires, ce qui peut expliquer une partie du stock.
Du côté de la direction, le chiffre n'est pas le même, et le son de cloche non plus. Frédéric Chapuis, le directeur du groupement courrier du Béarn, reconnaît 50 000 objets en attente à Pau, « ce qui représente un peu plus d'une demi-journée de travail des facteurs. C'est certes un stock quand nous visons à ne pas en avoir, mais il n'est pas alarmant ». Et le responsable de la distribution de temporiser également les retards constatés par la CGT. « Nous avons un bon indicateur puisque nous disposons désormais d'un numéro pour les réclamations. Et nous n'avons pas noté de recrudescence particulière des plaintes », affirme encore Frédéric Chapuis.
Périodes pleines ou creuses
Pourtant, retards il y a selon la CGT, et « preuves à l'appui. En fait, ils avaient prévu que le mois de mai serait plutôt calme au niveau du courrier, et ce n'est pas ce qui s'est passé, et ils ne veulent pas reconnaître leur erreur », rétorque Jean-Michel Cazalet.
Dans la nouvelle organisation de La Poste en effet, on prévoit des périodes de faible trafic et d'autres de plus fort volume de courrier. Pour Pau par exemple, on compte 68 tournées au plus fort. Pour les périodes creuses, on réduit le nombre de tournées. Or, il semble que le mois de mai ait été considéré a priori comme faible, et que le flux de lettres n'ait pas vraiment baissé. « C'est vrai que les deux samedis fériés du 1er et du 8 mai ont généré un certain volume, et de plus gros flux d'activité les lundis qui ont suivi. D'autant que l'on devait distribuer les plis liés aux impôts », reconnaît certes le directeur du courrier. Mais sans plus…
En tout cas, la polémique autour des retards du courrier arrive au beau milieu de négociations sur la réorganisation du temps de travail des facteurs actuellement en discussion partout en France. Gageons que cette bataille des chiffres et des délais devrait pimenter un peu plus la concertation souhaitée par la direction de La Poste…
- Citation :
- Sud Ouest