Après 17 jours de grève, les facteurs reprennent leurs tournéesDans quarante communes, de Romilly-sur-Andelle à Acquigny en passant par Louviers, les boîtes aux lettres sont restées quasiment vides pendant deux semaines.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Après 17 jours de grève, les facteurs ont obtenu le maintien des centres de tri de Louviers et d'Alizay.
Mardi 7 juillet après-midi. Devant le centre postal de Val-de-Reuil, les facteurs en grève retiennent leur souffle. Depuis plusieurs heures, leurs représentants sont en réunion de négociation avec la direction.
Voilà les délégués syndicaux qui sortent. Certains lèvent les bras, d’autres pleurent. Les facteurs hésitent : qu’est-ce qui se passe ? Bonne ou mauvaise nouvelle ? Tout le monde fait cercle, et là tombe la nouvelle :
« On est parvenu à un accord qui satisfait les deux parties. On a gagné ».
« C’est tellement rare »
L’émotion est énorme. Il y a des rires, des larmes aussi. C’est le soulagement, après deux semaines de grève. C’est une victoire aussi. Carole, une factrice, fond en larmes, le maire d’Alizay la réconforte :
« Quel signe fort vous donnez aux gens ! » « C’est tellement rare de voir des luttes gagnantes » s’exclame un facteur, rouge d’émotion,
« j’espère que cela va servir pour les autres ».
Pendant 17 longues journées, les postiers ont campé devant la plate-forme courrier de Val-de-Reuil sous une canicule harassante. Ils étaient une trentaine le premier jour, ils sont plus de quarante ce mardi.
Autour d’eux, des élus, des syndicalistes, des militants du NPA, et beaucoup d’usagers qui passent apporter qui du café, qui une pastèque, qui un billet pour mettre dans la caisse des grévistes. Les automobilistes klaxonnent pour les encourager.
Finalement, les revendications des postiers ont été entendues. La réorganisation du travail ne s’appliquera pas tout de suite, mais en octobre, et les agents seront associés à sa mise en œuvre.
Surtout, les centres de tri de Louviers et d’Alizay ne ferment pas, et la direction abandonne l’idée des
« tournées sacoches », qui auraient contraint certains facteurs à distribuer le courrier dans 1 300 à 1 500 boîtes aux lettres, sur une trentaine de kilomètres, soit six à sept heures de tournée. Il y aura bien des suppressions de postes, mais seulement sept au lieu de dix.
Dialogue constructif
« On a fait quelques concessions, mais le dialogue a été constructif » explique Noura Damerval, secrétaire adjointe du syndicat Sud -PTT de Haute-Normandie.
« Le travail va reprendre dans des conditions sereines ». Pour les facteurs, pas de doute, en les écoutant,
« la direction a gagné sur la qualité du travail ».
Sylvie, factrice à Pîtres, est heureuse de reprendre le travail.
« J’aime beaucoup ma tournée, je suis une ancienne. Je me faisais du souci pour mes usagers ».
Maintenant il va falloir écouler tout le courrier en retard. Il y a du boulot. Chaque jour, en moyenne, ce sont 43 000 lettres et 1 300 colis qui passent par la plate-forme de Val-de-Reuil.
« Le rattrapage va durer quelques jours. Priorité aux recommandés et aux colis » explique Vincent Dupont, directeur régional adjoint.
45 000 courriers par jour
En deux semaines, au centre de tri, on a vu défiler des dizaines de particuliers et d’entreprises qui venaient chercher leur courrier. Chéquiers, colis, cartes bleues, chèques vacances, clés de la location de vacances, les retards ont souvent entraîné des conséquences très désagréables.
« On n’aurait jamais tenu sans tous ceux qui nous ont accompagnés », insiste Gérard Gossent, de la CGT. Chantal Moulin, factrice et gréviste, sourit.
Elle est
« fière » d’avoir mené ce combat victorieux. Elle est aussi maire adjointe de Pont-de-l’Arche,
« ce n’était pas facile de tenir les deux positions ». Une chose est sûre :
« La date n’est pas encore fixée, mais on va faire une fête à Pont-de-l’Arche pour remercier tous ceux qui nous ont aidés ».
par jpgoss - L'Impartial