Grève prévue mardi à La Poste
Les salariés de La Poste sont appelés mardi à faire grève au niveau national pour dénoncer, selon leurs syndicats, malaise social et conditions de travail dans l'entreprise. Pour Régis Blanchot (SUD-PTT), "c'est le mal-être au travail qui est le premier motif" de l'appel à la grève. Un mot d'ordre que reprennent l'ensemble des organisations, Colette Duynslaeger (CGT) y voyant "une alerte forte envers la direction".
A Paris, une manifestation est prévue à la mi-journée au départ de la place Denfert-Rochereau vers Vaugirard, à proximité du siège du groupe. D'autres rassemblements sont attendus sur l'ensemble du territoire. Dans un appel commun, la CGT, SUD, la CFDT, et la CFTC ont dénoncé "une politique économique destructrice pour l'emploi et les conditions de travail", FO, l'UNSA et la CFE-CGC ayant appelé à la grève séparément.
Pour Régis Blanchot, "il y a toutes les raisons de faire grève", car "les conditions de travail sont très très mauvaises", Mme Duynslaeger soulignant que "les restructurations sont au service de la rentabilité" et "se font forcément au détriment des conditions de vie et de travail". De son côté, la direction du groupe, qui emploie 276.000 salariés, dont environ une moitié de fonctionnaires, a indiqué à l'AFP que " La Poste doit s'adapter à son environnement", mais souligne qu'elle a "le plus grand souci de la santé et de la qualité de vie au travail de tous les postiers". Le groupe rappelle que "son modèle social est fondé sur la qualité de l'emploi et l'absence de plans de départs imposés".
Pour M. Blanchot, il est impossible de dissocier les conditions de travail de l'emploi. Or, 11.700 postes ont été perdus en 2010 et, selon lui, 10.000 devraient suivre en 2011, malgré l'annonce du recrutement de 4.000 personnes, dont 2.500 en alternance. Marc Duhem (Unsa), va dans le même sens, indiquant que "le problème aujourd'hui à La Poste, ce sont les suppressions d'effectifs" et le "manque de visibilité". Pour lui, "il faut une pause au niveau des réorganisations" car "il y a des endroits où c'est prêt à exploser".
Alain Barrault (CFDT) affirme que même si la direction s'est engagée à espacer de 18 mois les réorganisations, les postiers sont "déstabilisés" par leur multiplication.
Certains syndicats n'hésitent pas à faire un parallèle avec la situation qu'a connue France Télécom avant la vague de 35 suicides de 2008 et 2009. Pour la CGT, syndicat majoritaire, "France Télécom a connu aussi l'ouverture du capital, la privatisation, des choix stratégiques qui à un moment donné déniaient le rôle des salariés, avec une mise en cause du service public".
"On est en train de vivre en quelques mois à La Poste ce qu'on a vécu à France Télécom en quelques années", indique le syndicat, qui prévient que "les mêmes maux ayant tendance à produire les mêmes effets, (...) il faut sans attendre que La Poste se rende compte de ce qui est posé". Pour illustrer le malaise social, les syndicats pointent la multiplication des arrêts maladies, le coût des congés longue durée et congés longue maladie ayant augmenté de 4 millions d'euros sur deux ans.
S'ils se refusent à évoquer les suicides, le chiffre de plus de 70 cas parfois cité étant plus que critiqué, le mal-être est bien réel pour les syndicats. "Je ne suis pas sûre que La Poste mesure le niveau de la gravité de la situation, même si des premières mesures ont été annoncées, qui montrent qu'elle a quand même la volonté de mettre le couvercle sur la marmite", estime Joëlle Roeye (CGT), citant notamment les annonces liées au recrutement. Des mesures "très insuffisantes" pour le syndicat, "mais en même temps une ouverture de possibilités".
- Citation :
- Le Figaro