En soutien au facteur catalan, ils défendent les droits syndicaux
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Mardi matin, rassemblement sonore devant la direction de La Poste à Montpellier. Photo AM
Deux bus sont venus des Pyrénées-Orientales pour soutenir un cégétiste convoqué à Montpellier devant le conseil de discipline de La Poste. Au-delà de ce cas, CGT et Solidaires dénoncent la « remise en cause » de la liberté syndicale dans l'entreprise privatisée depuis 2010.
« On est avec toi Alex ». Ce cri lancé dans la rue d'Athènes, devant la direction régionale de La Poste, est adressé à Alexandre Pignon, facteur à Rivesaltes. Tandis que ses camarades manifestent en bas, ce militant syndical trentenaire passe en conseil de discipline. Et risque deux ans de mise à pied sans salaire. Il est au coeur d'un des conflits les plus longs contre la réorganisation du courrier. « Plus de six mois, c'est anormalement long, la direction joue le pourrissement et la provocation », s'indigne Jean-Michel Sol de Sud/Poste des Pyrénées-Orientales.
Au même moment à Paris, deux syndicalistes, un cégétiste et un membre de Sud/PTT, risquent dans une procédure semblable trois mois de mise à pied « pour avoir pris la parole dans le centre de distribution » rapporte Yassin Yakhloufi, secrétaire Sud/PTT de l'Hérault.
Hélène Del Aguila, postière à Perpignan et Christiane Jeanfreu, sa collègue de Millas s'apprêtent à aller témoigner en faveur d'Alexandre Pignon. « Ils l'accusent de faits sur lesquels ils n'ont aucune preuve, c'est un dossier uniquement à charge. Ils veulent faire de lui un exemple » dit la première. « A Rivesaltes, ils ont obtenu beaucoup par la lutte, La Poste ne le digère pas », estime la seconde venue des P.O. avec ses camarades répartis dans deux cars.
Les sanctions pleuvent
Les sanctions contre des syndicalistes ne font qu'augmenter. Hélène Del Aguilla date la rupture de 2012, deux ans après la privatisation. « Auparavant, on allait facilement rencontrer nos camarades, on prenait la parole dans les centres de distribution. C'est interdit désormais. » Et elle énumère les « bâtons dans les roues » mis à l'activité syndicale.
Parmi les soutiens d'Alexandre Pignon, deux Héraultais qui ont l'expérience de ces pratiques répressives. Émeric Bazalgette et Dimitri Estimbre (CGT) ont été sanctionnés respectivement d'une semaine et de quinze jours de mise à pied pour avoir fait irruption dans une séance de négociation qui était bloquée. Mohammed Yacoubi, postier contractuel pendant 18 ans a été licencié. Accusé d'insubordination. Il a gagné son procès mais a dû trouver du travail ailleurs. « La Poste veut étouffer toute velléité contestataire, analyse Jean-Michel Sol, il faudrait que tout le monde courbe l'échine ».
Deux autres postiers cégétistes, à Pézenas cette fois, sont sur la sellette. Évidemment on ne leur reproche pas leur activité syndicale, mais explique Émeric Bazalgette « d'un mois à l'autre, on les a changé de position de travail, on les a mis face à une surcharge chronique de travail... puis on les accuse de ne pas avoir distribué tout le courrier... » Pour le syndicaliste c'est une véritable « chasse aux sorcières » dans les trois départements que couvre la direction : Hérault, Aude, P.O. Il ajoute même qu'au-delà de la « répression syndicale sur des cégétistes identifiés comme tels, aujourd'hui les salariés de droit privé sont licenciés au petit bonheur la chance ». 50 selon lui, ont été remerciés récemment. Aucun fonctionnaire n'a été révoqué. La procédure, il est vrai, est plus sophistiquée. « C'est un plan social déguisé » dénonce-t-il.
A l'issue du conseil de discipline, c'est la directrice par intérim qui prendra la décision. Elle est attendue avec inquiétude.
Annie Menras - La Marseillaise